Qui a dit qu’entreprendre n’était pas français ? Un peu tout le monde en fait, et surtout Georges W. Bush. Il y a une dizaine d’années, l’ancien président des États-Unis aurait asséné lors d’une conversation informelle avec Jacques Chirac et Tony Blair : « The problem with the French is that they don’t have a word for entrepreneur »… Si Bush junior faisait une nouvelle fois la preuve de ses talents comiques, l’histoire en dit long sur la façon dont les Français se sont laissés déposséder d’un mot qu’ils ont eux-mêmes inventé… à la fin du XVIe siècle. Certains historiens nous attribuent même à cette époque la création du mot « manager », aux connotations pourtant très libéralo-capitalistico-anglo-saxonne… Que s’est-il donc passé depuis la Renaissance pour que le risque économique sorte ainsi du schéma mental gaulois et symbolise autant l’esprit British et yankee ? Quelques bricoles en vérité, dont une révolution… Mais nous n’allons pas refaire ici l’histoire des concepts économiques. D’autant qu’au XXIe siècle, dans le tourisme tricolore, on pourrait bien sauver l’honneur (si si). En quelques mois, nous avons vu surgir un fougueux descendant de chevalier de l’Ordre de Malte, un gestionnaire amoureux des marques, et un marathonien biberonné au low cost… Entendez, Hélion de Villeneuve (lire notre interview p. 14 à 17), Emmanuel Foiry et, peut-être, Florian Vighier, dont il se murmure de plus en plus fort qu’il pourrait faire un come-back remarqué après son départ de TUI (Marmara). Ils ont tous en commun d’avoir tâté du grand groupe international coté en bourse, avant de (re)jouer les entrepreneurs qui parient leur (che)mise. Quelle meilleure preuve que le tour-operating n’est pas mort, même bousculé par les nouveaux modèles ? Des modèles dont ces néomanagers vont devoir sérieusement s’inspirer, histoire d’avoir à l’œil un autre entrepreneur, à la tête de Planetveo, qui n’a pas fini d’aiguillonner son monde. How do you say that again ? « Entrepreniour »…