Comme le chante Obispo, « si j’eeeexiste/ c’est d’être fan/c’est d’être fan » (on a les références qu’on peut). Les groupies de tous poils pourraient bien devenir la grande affaire existentielle du XXIe siècle. Que celui qui n’a pas liké au moins une blague foireuse de copains accros à Facebook ou l’initiative d’une marque de voiture particulièrement créative sur YouTube se dénonce. Les avancées technologiques rendent omniprésente l’invitation à approuver ou désapprouver, quitte à placer au même plan le soutien aux otages détenus en Syrie et l’addiction aux crocodiles Haribo. C’est simple comme un coup d’ongle sur un smartphone. Tellement facile que ça se complique. Dans la sphère professionnelle, OpinionWay vient de créer, en partenariat avec la Fevad, un nouvel indicateur censé affiner considérablement la notion encore floue d’« engagement client » dans l’e-commerce (lire p. 8). Vous pensiez définir le taux d’engagement de vos admirateurs en divisant le nombre de membres actifs à l’instant?T par le nombre global de vos aficionados ? Raté. L’institut de sondage, qui protège la formule de son indicateur comme un druide sa potion magique, promet le Graal à toute entreprise capable d’identifier et de faire fructifier ses clients « engagés ». Des spécimens susceptibles de recommander une marque contre vents et marées et de payer plus cher que leurs congénères non engagés. De l’or, on vous dit. Ce n’est pas un hasard si les marques sollicitent chaque jour un peu plus la collaboration active de leurs fans. Comme le Club Med, qui appelle sa communauté de clients et prospects à voter tous les quinze jours pour choisir la déco du futur Village de Val-Thorens. Ou l’Égypte, qui se console des faibles niveaux de fréquentation du marché français en se félicitant du succès rencontré par sa page Facebook « Sourires d’Égypte ». De quoi engranger des fans, qui deviendront les futurs « ambassadeurs » de la destination, et draineront à terme de vrais visiteurs dans le monde réel. Les pyramides en images de synthèse, c’est bon pour les avatars, pas pour les voyageurs…