D’où viennent les tendances ? Surgissent-elles de l’évolution des habitudes de consommation ou d’un diktat créé par l’offre ? En réalisant notre grand dossier du mois, nous avons interrogé des défenseurs de la théorie autoritaire, qui assurent que la tendance se décrète chez les producteurs et les prescripteurs avisés. Et des adeptes de la thèse selon laquelle les tendances s’autodéterminent dans la rue, au gré des envies des clients. Mais au fond, tous sont d’accord sur un point : créer de nouveaux produits et services touristiques, de préférence rentables, c’est du boulot ! Aucun de nos interlocuteurs n’ose plus prétendre coller aux attentes du consommateur sous l’effet de la pure intuition ou de la créativité innée. L’âge d’or des tour-opérateurs, lorsque des chefs de produits passionnés par leur morceau de globe se piquaient d’élaborer des circuits invendables, est bel est bien révolu. La concurrence effrénée, les marges en berne, les exigences accrues des clients et la nécessité de se différencier ont transformé le processus créatif en une science pointue. Ce qui n’exclut pas (au contraire !) le supplément d’âme et l’intime conviction, forgés à l’aune d’une véritable expertise. Dès lors, tous les risques (calculés) sont permis, y compris (surtout) d’aller à contre-courant. Car créer la tendance ou la capter au bon moment, c’est d’abord une question de rythme (on ne s’engouffre pas dans la tendance au même moment selon que l’on est positionné sur une niche ou en mainstream), puis de précision dans la mise en œuvre. Une alliance savante entre l’émotionnel et le rationnel. Rien ne sert de « sentir » le marché si l’on n’affiche pas le bon rapport qualité/prix à l’arrivée, celui qui correspond à la valorisation par le client. Mais le tarif sera d’autant plus secondaire que le produit ne sera pas comparable ! Une bonne façon de s’éloigner de la zone dangereuse du rabais à tous les étages, à force d’originalité. Superflue, la tendance ? Essentielle !