Les idéologies sont mortes, le capitalisme n’enchante que les requins de la finance, l’armée n’a plus un kopeck et les ordres sont rattrapés par le star system de bas étage (rapport à Sœur Cristina et son remake madonnien de Like a Virgin). Bref, plus un gourou à l’horizon pour faire rêver les masses. À part une poignée de chanteuses fessues (Beyoncé, Rihanna…) ou maigrelette (Taylor Swift), qui dandinent du popotin sur YouTube et affolent les compteurs de Twitter. Le people, devenu produit, est la nouvelle coqueluche de nos sociétés de consommation. Dans ce contexte de désengagement généralisé s’ouvre un champ béant pour les extrêmes… et les marques. Du haut de ses 25 ans, la jeune Taylor Swift a tout compris. Court vêtue, voix puissante et rengaine efficace, l’idole pop country des ados s’est associée à la ville de New York, dont elle est devenue l’ambassadrice, pour un lancement cobrandé de son dernier album, 1989 (son année de naissance). Et elle a tapé dans le mille. Une semaine après la sortie de l’album, la belle battait tous les records de téléchargements depuis douze ans, et s’offrait le luxe de retirer l’ensemble de ses chansons du site de streaming Spotify. Résultat, l’Américaine aux yeux plus grands que le monde prend le pouvoir, et redonne espoir à l’industrie du disque tout entière. La leçon ? Dans la chanson ou le tourisme, le talent, les valeurs fortes et clivantes, la créativité et l’identité de marque constituent un cocktail à manier en expert pour contourner le Spotify du tourisme, Google himself, et inciter les clients à vous choisir, VOUS, pas un combiné de mots-clés tapés dans une barre de recherche (lire notre dossier p. 32 à 39). Reste à choisir sa religion pour marquer les esprits : crucifix en bandoulière sur robe de nonne ou minishort taillé comme un maillot de bain… On fait du marketing ou on n’en fait pas.