La comparaison était tentante. Les trois patrons emblématiques de la consolidation du secteur des agences de voyages en France, réunis par nos soins sous l’œil du photographe de Tour Hebdo, ont l’esprit de conquête bien aiguisé et semblent prêts à en découdre, chacun dans son style. Le Lyonnais Laurent Abitbol aurait pu faire le quatrième de la bande, même s’il semble marquer une pause après une phase de développement à marche forcée. L’analogie avec les mousquetaires s’arrête là, car ces compères ne sont pas au service d’un roi commun, mais d’eux-mêmes ou de leurs actionnaires. Si on les sent tentés de mesurer leurs forces additionnées, comme ça, au détour d’un déjeuner informel, rien ne laisse présager à ce jour de rapprochement concret. Pour l’heure, chacun avance de son côté, avec son histoire et sa logique. Un point commun : profiter à plein d’une période où l’argent n’est pas cher et où les occasions sont légion de racheter des points de vente à bon compte. Revers de la médaille, la stratégie de conquête peut pâtir indirectement de la conjoncture morose, faute de redémarrage des ventes. Car si François Piot, Didier Munin et Jean Dionnet sont d’accord pour profiter des opportunités qu’offre la crise, ils admettent aussi que la reprise se fait attendre sur le marché français du voyage. Le récent « alignement favorable des planètes » (essentiellement dû au bas niveau de l’euro et du prix du baril) tant vanté par certains politiques et économistes tarde à leur profiter. Autre Arlésienne, la simplification de l’environnement réglementaire pour les entreprises, elles qui vivent les contraintes au quotidien. Pour autant, aucun signe de découragement, et c’est bien là le propre du chef d’entreprise : garder la foi et maintenir les équipes motivées en toutes circonstances ! Car de l’avis des trois patrons, la phase de consolidation de la distribution de voyage n’est pas terminée en France. Il va en falloir de la ressource pour se démarquer, se diversifier, recruter, fidéliser, et pour certains, s’internationaliser… Le tout dans un contexte où maintenir les marges est une gageure. Et qui sait, peut-être qu’à l’avenir l’union fera la force ? Un pour tous…