A l’heure où j’écris ces lignes, la nouvelle vient d’être officiellement confirmée : le chinois HNA, sauveur annoncé du groupe Fram, a jeté l’éponge. Evaporés, les scénarii sur l’intérêt pour un acteur de l’Empire du Milieu de racheter la grande maison en perdition. Tout un écosystème retient son souffle (distributeurs, APST, pouvoirs publics en charge du tourisme, syndicats…) et organise la transition pour éviter un cataclysme qui aurait des conséquences en chaîne, en BtoB et dans le grand public. Organiser l’atterrissage forcé. Eviter le méchant crash d’une marque emblématique, qui donnerait une image désastreuse de la profession et pourrait entraîner d’autres entreprises dans sa chute. Quelle leçon tirer à chaud de ce naufrage ? Alors que nous publions notre grand dossier annuel de 30 pages sur la santé financière des opérateurs de voyages (producteurs et distributeurs), gardons-nous bien de présenter Fram comme le symbole d’un ancien monde qui s’éteint.
Le groupe est avant tout victime d’une lutte fratricide comme en connaissent certaines entreprises familiales, qui ont tout pour elles, mais ne prennent pas les virages qu’imposent une longue vie, trop concentrées sur les guerres intestines pour continuer à flairer l’air du temps. Si la situation est compliquée pour de nombreux voyagistes et agents de voyages, les exemples de mutation réussie ne sont pas rares, comme le montrent nos classements financiers : la réussite s’observe aussi bien sur le créneau de l’automatisation (Exotismes pour n’en citer qu’un), que de la personnalisation poussée à l’extrême (Voyageurs du Monde, pour n’en citer qu’un). Les pure players digitaux n’ont pas le monopole du succès. Au prix d’une vision, d’une remise en cause de chaque instant, d’investissements calibrés, d’encouragements des talents… Fram est moribond, vive Fram ! Espérons que des ruines naîtra enfin une stratégie, pour faire briller encore longtemps une marque qui n’a sans doute pas dit son dernier mot.