C’est fou le nombre de gens qui veulent notre bien en ce moment ! Pas un jour sans qu’on reçoive un mail, un sms ou un appel nous proposant de lâcher prise, retrouver la confiance, faire notre révolution personnelle. Des conseils souvent bidons teintés d’optimisme forcé. Sur qui, sur quoi ? Eh bien, sur tout. Comment devenir une meilleure mère, réinventer son job, être une sœur exemplaire. Avec le livre de Johan Idema, nous avons désormais un guide pour devenir un bon touriste. Au cas où l’on serait uniquement capable de passer (ou vendre, chers lecteurs) des vacances à la con, pour reprendre l’expression « consacrée » de l’auteur.
Dans son manifeste De l’art d’être un bon touriste, Johan Idema pointe du doigt ceux qui déferlent en masse, dans les mêmes villes, se rassemblent autour des mêmes curiosités et visitent les mêmes quartiers pittoresques. Les mauvais donc… autrement dit, dans l’ouvrage, « les pollueurs, les ignorants, les dévastateurs » à qui il essaie de donner de bons conseils pour se ressaisir.
Les mêmes touristes sans doute que Jean-François Rial, patron de Voyageurs du monde, voulait il y a quelques mois – sur Twitter – « éduquer en les poussant à voyager à contre-courant sur les sites, les horaires, les périodes et les géographies ». En somme, des victimes (ou des bourreaux) du surtourisme.
Alors, certes, tout le monde rêve d’un voyageur qui vive et revienne de son séjour avec le souffle du lointain. Même désormais les tour-opérateurs proposant des séjours en clubs. Mais de là à définir un touriste modèle, parfaitement cultivé, curieux et bien élevé… Je n’y crois pas. Car, comme l’écrit fort bien Jean-Didier Urbain, « le touriste, c’est toujours l’autre ».