Ingénierie et financement des projets touristiques, les Régions à la manœuvre. Bus&Car Tourisme de groupe a animé une table ronde sur le sujet à Marseille.
C’est dans un contexte de passe d’armes avec l’Etat, que s’est tenu le 14ème Congrès des Régions de France, le 27 septembre 2017 dans la Cité phocéenne. Déçus par le discours du premier Ministre Edouard Philippe, les 1 200 élus régionaux ont ensuite planché toute la matinée sur dix ateliers thématiques. L’un d’eux portait sur l’attractivité des Régions de France sous le prisme de l’ingénierie et le financement des projets
Après la Loire à Vélo, parcours touristique de plus de 900 km, la collaboration interrégionale se poursuit en France pour favoriser l’attractivité auprès des touristes étrangers et atteindre le cap des 100 millions de visiteurs internationaux en 2020 contre 82 millions actuellement.
En 2019, trois régions devraient se mettent autour de la table pour la Vallée Mondiale de la Gastronomie, initiative impulsée par la région Auvergne Rhône-Alpes.
« Les pays asiatiques représentent un énorme potentiel. La classe moyenne chinoise voyage de plus en plus et notre objectif consiste à capter une partie de cette clientèle qui ne doit pas seulement se contenter de visiter Paris et la Tour Eiffel. Plutôt que de travailler chacun de son côté, nous avons décidé de proposer une offre touristique commune sur le thème de la gastronomie. Il s’agit de concevoir un circuit touristique aux côtés de restaurateurs, producteurs de vins, de fromages, fabricants de chocolats. Nous réalisons des études pour identifier l’offre entre Marseille et Lyon », a expliqué le 27 septembre dernier devant ses pairs Patrick Ayache, vice-président du au Conseil régional Bourgogne Franche-Comté, chargé du tourisme.
A produit touristique commun, promotion commune comme le rappelle Marie-Reine Fischer, présidente de Destination Régions : « La Vallée de la Gastronomie, qui s’inscrit dans le cadre du contrat de Destination avec Atout France, est un nouveau concept marketing dirigé vers l’international. D’importantes synergies entre régions ont été déployées pour promouvoir des territoires offrant caractéristiques analogues. Depuis deux ans, Destination Régions présente l’attractivité des régions françaises aux consuls et ambassadeurs réunis au Quai d’Orsay », souligne la conseillère régionale du Grand Est et première vice-présidente de l’agence d’attractivité de l’Alsace.
Création d’un Observatoire des données touristiques
Dans un contexte de concurrence territoriale exacerbée, la Région Sud Provence-Alpes Côte d’Azur rappelle l’importance de consolider ses avantages comparatifs. Comment attirer davantage de touristes sans statistiques fiables et récentes ? Une coopération interrégionale vient d’être engagée sur le sujet. « Après avoir lancé avec succès avec les régions Auvergne Rhône-Alpes et Ile-de-France Apidae, un système d’informations ouvert aux professionnels du tourisme comprenant une base de données commune, nous avons en projet la création d’un Observatoire des données touristiques pour adapter notre offre aux comportements des clients », a annoncé Jennifer Salles-Barbosa, Présidente de la commission tourisme de la Région SUD – PACA. L’élue a d’ailleurs invité les Pouvoirs Publics à approfondir leurs efforts en ce sens.
En matière de financement des projets touristiques, Pierre-Alain Roiron, président de la commission tourisme au sein de Régions de France, estime que l’offre de Bpifrance et de la Banque des territoires, n’est pas suffisamment connue des opérateurs du tourisme.
Christophe de Roseaux, directeur des investissements Tourisme Loisirs Culture à Banque des territoires, a rappelé que l’établissement alloue 500 millions d’euros par an au tourisme essentiellement pour financer les infrastructures (établissements). Si l’effort financier dans le secteur reste modeste au regard des 12 milliards d’euros investis annuellement dans l’économie du tourisme, la banque des territoires évalue à 5, l’effet multiplicateur de ces prêts. Les soutiens financiers peuvent prendre la forme de prêts, de garanties ou de prises de participations. Crée en octobre 2015, le fonds France Investissement Tourisme (FIT) de Bpifrance doté de 260 M€ en 2018 propose des tickets d’interventions de 500 000 € à 7 M€
Serge Mesguich, directeur du pôle « Tourisme et Loisirs » et du FIT a précisé que la banque publique allouait au secteur du tourisme 2 milliards d’euros par an (prêts directs sans garanties, prêts d’amorçage). En 2018, FIT a élargi son portefeuille à de nouveaux services et concepts : Parc Spirou, eelway, Staffmatch ou encore Comet qui développe des espaces de séminaires en milieu urbain ont bénéficié de financements en 2018.
« Les projets qui décrochent les financements publics sont très souvent des projets très importants or la plupart des opérateurs touristiques sur le territoire sont des Pme/Tpe. Les outils sont souvent inadaptés aux porteurs de projets », pointe Marie-Agnès Poussier-Winsback. La vice-présidente de la Région Normandie cite l’exemple d’un projet de réhabilitation du château de Quinéville dans la Manche qui n’a pas abouti faute d’apport personnel. « Les repreneurs étaient pourtant des personnes très qualifiées », déplore l’élue. C’est justement pour éviter que certains projets n’échouent que la région Pays de Loire a mis en place en 2017 un dispositif spécifique de soutien aux entreprises du tourisme. Des prêts pouvant atteindre 800 000 euros et permettant, contrairement à une politique de subventions, de dépasser le plafond de 200 000 euros imposé par le droit sur les aides d’Etat.