Face au marasme ambiant dans le tourisme, il m’est venu une géniale idée que je m’en vais vous soumettre. Depuis quelques temps déjà, tout le petit univers politico-médiatique ne bruisse plus qu’au rythme des paradis fiscaux, faisant de ces derniers « the place to be ». Après tout, les Bahamas, les îles Caïman ou Singapour sont des destinations touristiques tout autant que financières. Pourquoi, dès lors, ne pas développer une offre autour de ces vrais petits coins de paradis? Imaginez l’intérêt de nos concitoyens un peu blasés à l’idée de découvrir si oui ou non, les rues de ces eldorados pour riches sont réellement pavées d’or, et si le miel et le lait coulent bien à flot de leurs fontaines! Si certains sont prêts à visiter sous bonne garde les favellas de Rio ou les townships de Johannesburg, pourquoi pas le quartier des banques de George Town? Une possibilité d’autant plus attractive qu’il est tout à fait possible d’imaginer là bas une offre touristique pour toutes les bourses. Pour les CS ++ par exemple, imaginons des vols en classe affaires, pas de surcharge bagages (certains métaux pèsent un peu lourd…), tours de ville en limousine et rencontres organisées avec les directeurs des principaux établissements qui font le buzz. Les revenus modestes se contenteront, eux, de voir tout cela à travers les vitres d’un autocar local avant d’être lâchés dans les centres commerciaux free tax ou sur les plages de sable blond. Pour peu qu’ils aient quand même la chance de croiser durant leur séjour un quelconque chirurgien de renom, un comédien célèbre, voire un ancien ministre, le voyage sera immanquablement réussi. Enfin, parce que le tourisme à caractère social ne doit jamais être oublié dans une société aussi morale que la nôtre, il m’apparaît important de proposer un aperçu de ces petits coins de paradis aux plus démunis d’entre nous. Et là, faisons simple. Un deux jours/une nuit au Luxembourg ou un passage éclair au sein de la Confédération hélvétique suffiront amplement à leur faire toucher du doigt cet autre monde qui nous côtoie au cœur de l’Union européenne. Enfin, pour que les incorrigibles individualistes qui passent encore parfois la porte des agences de voyages profitent eux aussi de cette bouffée d’air pur fiscal, imaginons un court séjour outre Quiévrain. Il n’y fait pas moins beau, et certains fins connaisseurs disent même qu’on y mange bien.