Le petit monde des institutions du tourisme français est entré dans une période d’attentisme inquiet. Il est en effet suspendu aux résultats des débats gouvernementaux et parlementaires concernant la future distribution des « compétences » entre les différents échelons territoriaux. Trois éléments de la réforme en cours de gestation, douloureuse, retiennent toute son attention. Le rédécoupage des régions, pas toujours pertinent en termes de cohérence géographique, perturbera immanquablement les stratégies de promotion jusque-là plutôt bien rôdées. Comment, par exemple, trouver une cohérence de discours promotionnel entre Tours et Limoges? Pas simple… Si, comme on semble l’envisager en haut lieu, le département se trouve plus ou moins vidé de sa substance en matière de compétence, quid du travail, souvent remarquable, effectué par les comités départementaux du tourisme? Quid aussi du financement de leurs actions? Personne – ou presque – n’ignore le temps nécessaire à la construction d’une vraie politique de communication et de développement touristique à l’échelle d’un territoire comme le département. Attention, donc, à la destruction intempestive du travail accompli en quelques traits de plume réglementaire sur un coin de table! Enfin, le projet tel qu’il est connu veut privilégier la montée en puissance des intercommunalités (un seuil de 20 000 habitants est régulièrement évoqué), ce qui, en soi, prend un idéniable caractère vertueux dans un contexte de disète financière. Cependant, là encore, la répartition des rôles, et des subsides, va devoir faire l’objet d’une réflexion de fond, car c’est bien de l’avenir des nombreux offices de tourisme qui maillent le territoire hexagonal dont il s’agit. Dans l’absolu, et surtout dans le meilleur des mondes, tout ce projet participe, à n’en pas douter, d’une logique de rationnalisation plutôt intelligente. Malheureusement, comme le veut l’adage, « le Diable se cache dans les détails », et il semble tellement évident, aux yeux des vieux observateurs que nous sommes, que ce bel édifice sera forcément mis en danger par de nombreuses contingences politico-économiques. La rationnalité et l’esprit Clochemerle feront-ils bon ménage? La saison 2 de la réforme territoriale commence, mais quelle en sera la fin?