Sachons raison garder! Certes, nous savions tous que les Français n’étaient guère renommés pour leur parfaite maîtrise de la géographie, mais tout de même. Si personne ne songe à nier le fait que la Lybie, la Syrie et l’Irak sombrent aujourd’hui dans une sanglante anarchie, n’allons pas généraliser une situation déjà suffisamment dramatique à tous les pays dont la principale religion se trouve être l’Islam.
L’odieux assassinat d’un de nos compatriotes au cœur de l’Algérie fin septembre devrait de même être perçu comme eussent pu l’être en son temps les crimes commis en France par un Merah: le fait de voyous désaxés largement manipulés par une idéologie sanguinaire. Au-delà, la vague d’annulations que connaissent désormais des destinations comme le Maroc et la Turquie ne sont rien moins que le fruit d’une peur irraisonnée, malheureusement entretenue par quelques infographistes du ministère des Affaires étrangères au crayon rouge un peu tremblotant. Tous ceux qui voyagent savent, ou devraient savoir, qu’il est rarement judicieux de se promener le nez au vent en zone de guerre ou la fleur au fusil dans certains quartiers mal famés. Mais cette lapalissade est tout aussi valable à Paris qu’à Istanbul, New-York ou Marrakech…
Comme si les drames provoqués par les fous de Dieu ne se suffisaient pas à eux-mêmes, le virus Ebola, un fléau cette fois, fait maintenant des ravages en Afrique de l’Ouest. Là encore, il convient d’être un peu raisonnable dans sa façon d’appréhender la situation. Rappelons que les foyers de cette terrible épidémie sont au Sierra Leone, au Libéria et en Guinée, trois états peu renommés à ce jour pour leurs atouts touristiques… Rappelons aussi que le mode de transmission de ce virus est loin d’être aussi simple que celui du Sras en son temps. Doit-on cesser de prendre les transports aériens? Doit-on inscrire sur une liste noire des villes comme Madrid ou Houston, sous prétexte que des cas d’Ebola s’y sont déclarés? Au-delà de l’audimat, les grands médias nationaux et internationaux devraient faire œuvre d’un peu plus de pédagogie et d’un peu moins de sensationnalisme. La panique, orchestrée ou spontanée, est toujours mauvaise conseillère. Manquerait plus que les clowns se mettent à terroriser les enfants…!