Tel le peintre esquissant sa toile, l’Assemblée nationale a dévoilé son chevalet régional, votant définitivement la nouvelle carte des régions, au nombre réduit de 22 à 13. Une des rares réformes promises à voir enfin le jour. Du moins sur le papier. Car les contours de cette toile hexagonale ne sont pour l’instant qu’au séchage, pour ainsi dire à l’état d’ébauche. Après le dessin à grands traits, il s’agit désormais de donner un brin de relief à la fresque territoriale au travers d’une palette de compétences à répartir. Le croquis est actuellement posé sur la table, en débat. Et, au premier chef de ce qui nous interpelle: le tourisme. En perspective? A minima une certaine cohérence.
Dans l’idéal? Une élégance topographique. Plus sensibilisés par leur réserve parlementaire que par la répartition des compétences de chacun des acteurs du secteur, les députés ont préféré laisser les départements et les intercommunalités oeuvrer sur la page blanche des attributions, la région obtenant simplement un rôle de maître d’oeuvre. Mais le plus dur reste à faire. Alterner entre période bleue et période rose. Ne braquer aucun des intervenants, Georges y compris… Peaufiner le tableau, travailler les détails, s’éloigner du cubisme pour glisser vers un pointillisme teinté d’impressionnisme. En d’autres termes, et à mots choisis, s’attaquer aux différentes strates tout en respectant l’équilibre du nuancier. Livrer une aquarelle consensuelle, respecter une indispensable homogénéité, trouver une unité de tons dans le triptyque de l’écheveau territorial. Sans caricatures, n’en déplaise à Charlie.
Et, loi de décentralisation oblige, les premiers coups de pinceau ont été croqués par les offices de tourisme, qui, pour la plupart, ont choisi comme ligne de force de se regrouper et de former ainsi une structure de pôle. Accrochant ainsi aux cimaises du tableau noir de la réforme un territoire plus dense. Au niveau des départements, les interrogations fusent. Seront-ils gommés? Ou conserveront-ils leurs couleurs? Pastels ou sanguines? Brosse ou pinceau? Comme l’eau dans l’huile, auront-ils un sens dans une région dont ils n’ont jamais fait partie? Quand certains y voient des harmonies, d’autres refusent tout mélange. Les goûts et les couleurs…