Pas question de céder à la morosité! Contre vents et marées, la France reste – du moins selon le ministère concerné – la première destination touristique mondiale. Une vérité chiffrée incontestable, même si les professionnels les plus proches du terrain s’interrogent quand même sur la destinée des Japonais ou des Américains, voire même des Chinois, plutôt absents ces derniers mois, notamment dans les rues de la capitale… Pas question de gloser dans ces colonnes sur la pertinence du mode de calcul des « entrées » dans l’Hexagone, j’ai comme dans l’idée que nous l’avons déjà fait en d’autres occasions, et que nous serons amenés à récidiver dans le futur. Disons que le bilan 2015 des nuitées, autre étalon Insee de la réussite de cette industrie, est plutôt positif, même si, et là c’est incontestable, la saison a clairement été sauvée par notre bon vieux touriste national.
Tout échaudé qu’il est par les lendemains qui risquent de déchanter ou le gouffre sans fond dans lequel s’enfonce le sud du bassin méditerranéen, voilà que ce brave citoyen consommateur a repris le chemin des provinces françaises, pour le plus grand plaisir des hôteliers, restaurateurs et autres offices de tourisme. Certes, il n’a, pour contenter ses appétits de dépaysement, plus guère besoin des agences de voyages. Pire, il n’hésite plus, non plus, à braver les chaînes hôtelières ou le fisc en ayant recours aux services d’Airbnb ou du Bon Coin. L’esprit collaboratif 2.0 est passé par là, et a trouvé dans ce secteur un terreau enrichissant pour se développer.
Par ailleurs, il est tout aussi vrai que nous ne sommes plus seuls. La Grèce, l’Espagne ou l’Italie savent tout autant tirer leur épingle du jeu de cette situation délétère. Et ces destinations battront certainement cette année encore des records d’affluence. Ne boudons pas pour autant notre plaisir d’être toujours un grand pays dans au moins un domaine, fusse-t-il celui du tourisme. A l’heure où la rue s’agite autour d’un projet de loi déjà plus ou moins vidé de sa substance, et tandis que le chômage n’a de cesse d’atteindre des sommets, il est en effet quelque part rassurant de constater que les Français retrouvent avec un certain bonheur le chemin des vacances au Crotoy…