Cet été qui se termine ne restera pas dans les mémoires des professionnels du tourisme comme un bon cru. La combinaison des mouvements sociaux printaniers et des attentats s’est révélée mortifère pour ce secteur.
L’Ile-de-France annonce déjà un déficit d’un million de touristes étrangers pour la période, et si personne ne dispose encore de chiffres complets à l’échelle de l’Hexagone – une baisse de 7 %, a été récemment évoquée par Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères – ils devraient sans grande surprise décevoir, car les premières estimations évoquent une perte de 20 % de chiffre d’affaires dans l’hôtellerie ou la restauration. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives de ces tendances, mais le tourisme français semble bien être désormais entré dans une zone de turbulences fortes.
Le marché des groupes sera-t-il lui aussi impacté? Et si oui, dans quelle mesure exacte? Bien malin qui peut faire des pronostics pour ce secteur particulier, pourtant réputé plus stable que son cousin individuel. Pourtant, à l’heure du chômage de masse et du climat de guerre, tous deux semble-t-il durablement installés, comment ne pas douter que les groupes portent sur l’idée même de voyage un autre regard? L’annulation d’un grand nombre d’événements culturels en région pour raisons sécuritaires ajoute par ailleurs à la perception négative que peuvent avoir les clients de toute velléité de déplacement. Ces facteurs nouveaux complexifient d’autant le travail de commercialisation des produits touristiques estampillés « France ». Là où il fallait précédemment séduire par le contenu et convaincre par les prix, il faut désormais, en plus, rassurer la clientèle. Une gageure, tant la menace semble devenue protéiforme, et surtout totalement indépendante du champ de responsabilité du voyagiste…
Les salons touristiques à venir d’ici deux semaines seront-ils les révélateurs de nouvelles stratégies, en phase avec le contexte ici évoqué? Les acteurs du secteur ont-ils développé des discours nouveaux et convaincants?
Le challenge est en tous cas d’une ampleur sans équivalent pour les professionnels, d’autant que le pays entre désormais dans une période électorale propice à tous les immobilismes, un facteur qui ajoutera encore à la confusion…