Demande d'aides aux gouvernements nationaux, mesures massives de chômage partiel, restructurations... Les compagnies sortent l'artillerie lourde pour traverser la pire crise depuis les attentats du 11 septembre 2001, à New York.
Article mis à jour le 10 avril à 12h
Elles discutent déjà avec les gouvernements français et néerlandais. Dans un entretien accordé au Figaro, la directrice générale d’Air France Anne Rigail affirme que les directions respectives d’Air France et de KLM « échangent avec les deux États actionnaires sur la forme que pourrait prendre ce soutien au groupe Air France-KLM ». La solution de la nationalisation, adoptée de l'autre côté des Alpes pour sauver la compagnie italienne Alitalia, est notamment à l'étude côté français.
« Le groupe dispose d'une trésorerie de 6 milliards d’euros mais nous aurons rapidement besoin d'un soutien financier », a-t-elle ajouté. « La reprise sera lente, voire très lente. Il faudra de longs mois pour nous en remettre. Nous serons durablement touchés, avec une interrogation sur le changement de comportement des voyageurs. »
À date, la quasi-totalité des salariés d’Air France, Transavia et Hop! ont été placés en activité partielle. Une mesure similaire à celle prise par British Airways dès le début du mois d’avril. Plus de 30 000 salariés (sur 45 000) ont ainsi été placés au chômage partiel, une mesure prévue pour durer jusqu'à fin mai.
Ses 4 000 pilotes ont de leur côté pris des congés non payés en avril et en mai. Le groupe IAG, maison-mère de British Airways, applique des accords similaires pour Aer Lingus, Iberia et Vueling. IAG a annoncé au début du mois que des licenciements seraient inévitables pour tenter de se relever de la crise.
Lufthansa va lancer un plan de restructuration
Une restructuration et du chômage partiel, ce sont aussi les choix faits par Lufthansa. Le géant allemand a en effet placé 60% de ses employés en activité partielle et décidé de fermer définitivement sa filiale Germanwings. Depuis plusieurs années déjà, Germanwings était intégrée à la filiale low-cost Eurowings de Lufthansa et le groupe avait déjà annoncé son intention de la faire disparaître. Une annonce qui n’a pas ravi les syndicats, qui écrivent qu’« aucune filiale de Lufthansa n’est responsable de la crise ».
Le groupe va encore plus loin en réduisant dès à présent et « de manière permanente [ses] capacités » de transport : au moins 42 avions vont ainsi être retirés de la flotte, qui en compte 763 à date. La « levée totale des restrictions de voyage durera des mois » et le retour de la demande à la normale « des années », justifie Lufthansa.
Dans une vidéo adressée aux salariés du groupe mercredi soir, le patron Carsten Sphor a assuré que Lufthansa ne « pourr[a] pas surmonter cette crise en de plus en plus longue sans soutien de l'État ». « Nous perdons chaque heure à peu près un million d'euros de nos liquidités », a-t-il ajouté.
Selon l’Association internationale du transport aérien, en février, le trafic aérien passager s’est effondré de 14,1% dans le monde. « Il s’agit de la plus forte baisse du trafic depuis le 11-Septembre, reflétant l’effondrement des voyages intérieurs en Chine et la chute brutale de la demande internationale à destination et en provenance de la région Asie-Pacifique, en raison de la propagation du virus Covid-19 et des restrictions de voyage imposées par les gouvernements », expliquait Iata dans un communiqué début avril. Et Alexandre de Juniac, directeur général de l’Iata de résumer : « C'est sans doute la plus grande crise que le secteur ait jamais connue. »