Les patrons des principales compagnies aériennes opérant dans les Dom-Tom ont été auditionnées hier par quelques sénateurs. Nombre de sujets ont été abordés. Avec le même leitmotiv : l’État doit en faire davantage.
Comme toutes les compagnies aériennes, elles trépignent d’impatience à l’idée de faire redécoller leurs avions avec des passagers à bord. Les compagnies aériennes desservant l’Outre-mer espèrent elles aussi relancer leur activité, alors que les Français pourront bien partir en vacances en juillet et en août, y compris dans les territoires ultra-marins. Mais pour ce faire, elles ont besoin de moyens et d’un calendrier pour plancher sur le programme de vols des mois prochains et être au rendez-vous des attentes des Français avides d’évasion.
Interrogés par les parlementaires de la délégation sénatoriale de l'Outre-mer hier, les patrons de compagnies aériennes présents autour de la table sont unanimes : les mesures de soutien économique aux entreprises prises par le gouvernement sont insuffisantes. Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair, a notamment évoqué de nouveau le critère des fonds propres qui empêche la compagnie tricolore d’accéder au prêt garanti par l’État (PGE). Et le patron d’Air Tahiti Nui de souligner : « Le PGE nous permet de payer des salaires et de financer des pertes futures… C’est à la relance que nous aurons besoin de trésorerie et de soutien ! »
« Nous serons dans l’incapacité de la rembourser même en l’obtenant », abonde Eric Kourry, aux commandes d’Air Antilles et d’Air Guyane. « Nous avons obtenu le PGE mais c’est une charge supplémentaire, un pansement qui déplace le problème aux années suivantes. Beaucoup d’aides ne s’appliquent d’ailleurs pas à nous et à notre mode de fonctionnement car nous sommes considérés comme hors de la zone Schengen », ajoute Benoît Olano, PDG d’Air Saint-Pierre.
Un assouplissement des conditions d’accès est donc réclamé, mais surtout des aides davantage ciblées. Car, rappellent l’ensemble des patrons autour de la table, la disparition de leurs compagnies serait préjudiciable à la continuité du service public pour des régions éloignées comme la Polynésie ou Saint-Pierre-et-Miquelon, et nuirait à la concurrence sur des marchés tel que les Antilles.
Non à la quatorzaine à l'arrivée et au remboursement des billets
Les patrons autour de la table, parmi lesquels étaient aussi présents Marc Rochet, à la tête d’Air Caraïbes et de Frenchbee, Jean-Michel Mathieu, directeur général Caraïbes, Océan Indien et Amérique latine d’Air France et Michel Monvoisin, PDG d’Air Tahiti Nui, demandent également le prolongement du recours au chômage partiel, à l’instar de ce qui est prévu pour les professionnels du tourisme. « Le dispositif d’activité partielle doit être conservé jusqu’à la fin de l’année », assure Dominique Dufour, secrétaire général d’Air Austral.
Une mesure indispensable pour de nombreux patrons. « Ça va être un bain de sang [à la reprise]. Globalement, il va certes y avoir une concurrence entre compagnies, mais aussi entre destinations, comme entre la Polynésie française et les Maldives », insiste Michel Monvoisin. Les compagnies des territoires du Pacifique signalent également les investissements asiatiques réalisés dans cette région et appellent l’État à y consolider la présence de la France. « Au-delà du futur de nos compagnies, il faut se poser la question de l’intérêt stratégique de la présence des ailes françaises dans cette région et de l’entretien des liens nécessaires avec la métropole », explique Didier Tappero, président d’Air Calin.
Un dernier point a hérissé le poil des dirigeants autour de la table (virtuelle), l’obligation par Bruxelles de rembourser les passagers en cas d’annulation de vols, l’avoir restant toujours un second choix. « Une difficulté supplémentaire », rétorquent-ils. Quid du fonds de garantie réclamé par l’association Victimes des compagnies aériennes, la députée Pascale Fontenel-Personne et une centaine d'autres parlementaires ? « Pourquoi pas. »
La prochaine étape, très attendue par les patrons de compagnies aériennes, est en tout cas la définition d’un calendrier précis. Et de mesures spécifiques quant à la quatorzaine aujourd’hui imposée à l’arrivée ou au départ des territoires d’Outre-Mer. Le secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne a évoqué hier l’organisation d’un isolement de sept jours en amont du départ suivie d’un isolement de sept jours supplémentaires à l’arrivée. Une avancée encore insuffisante, du point de vue du transport aérien.