Qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite, la Suisse n’est plus ce qu’elle était. Roman Polanski et les détenteurs de comptes bancaires le savent bien : on n’y est plus à l’abri de tout. Sur les rives du Léman, les mesures ont fait l’effet d’un tsunami. C’est la révolution chez les Helvètes ! Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que Kuoni, la vieille dame centenaire, fasse aussi son coming-out. Direction la clinique de chirurgie esthétique, sans même tenter l’option botox. Car pour une fois, il y a un peu le feu au lac. L’exercice de style présenté l’an dernier par le TO sur les valeurs de la marque et le relooking des brochures n’a pas suffi : les ventes descendent tout schuss pour précipiter le modèle à l’ancienne vers le ravin. À fond sur les carres, la maison mère zurichoise plante les bâtons et chamboule les codes. Un vrai « chni » comme on dit en Romandie ! Injustice de la conjoncture ? Certes. À compiler les résultats des exercices passés, l’autonomie laissée aux filiales a plutôt réussi au groupe suisse. Mais l’indépendance n’a pas permis de jouer les synergies, et les avantages d’hier font les handicaps d’aujourd’hui. Très concentré, à juste titre, sur la puissance de la marque et la réassurance client, Kuoni en a un peu oublié les chantiers technologiques et la compétitivité tarifaire. Une belle enseigne, oui, à condition d’avoir le bon prix au bon moment et sur les bons canaux. Pour rattraper le temps perdu, Zurich recentralise à tout-va, à rebours de la culture maison. C’est Colbert chez les confédérés ! Mais quand la neutralité suisse vole en éclat, l’heure n’est plus aux tabous, y compris chez Kuoni…