Mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Cette semaine, il s'interroge sur l'avenir du transport aérien notamment en France.
Il n’y a pas qu’Emmanuel Macron qui est jupitérien. Benjamin Smith, le nouveau patron d’Air France-KLM, est lui aussi perché au sommet de l’Olympe, ou plus exactement caché dans sa tour d’ivoire de Roissy. Depuis son arrivée aux commandes du groupe aérien en septembre, aucune déclaration, aucune sortie officielle, pas même une petite photo volée !
Ben Smith aux EDV à Madère ?
Il y a un an, Jean-Marc Janaillac était venu déclarer sa flamme aux agences lors du congrès des Entreprises du Voyage à Lille. Il y a peu de chance que «Ben» vole dans les ailes de son prédécesseur et fasse le déplacement jusqu’à Madère pour le crû 2019 de la manifestation, fin janvier. D’abord parce que Madère, c’est plus loin que la capitale des Chtis ! Ensuite parce qu’il a pour l‘heure d’autres pilotes à fouetter…
Car si Air France-KLM a annoncé ce matin avoir franchi le cap des 100 millions de passagers en 2018 (+2,8%/2017), le vernis craque dès que l’on entre dans le détail. Chaque année, le groupe perd du terrain, alors même que les vents sont porteurs. Ainsi, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale, le trafic dans le monde a progressé de 6,1% l’an dernier. IAG (British Airways/Iberia) s’est envolé de 7,7% (113 millions de pax) et Ryanair a encore fait un bond de 8% (139 millions !).
Suspense chez Air France
Il faudra donc attendre le 20 février, jour de l’annonce des résultats financiers d’Air France-KLM, pour savoir si Benjamin Smith porte un costume Hugo Boss ou Armani ; pour enfin savoir s’il a les tempes grisonnantes ou un début de calvitie… Le suspens est intenable ! Plus sérieusement, sa première sortie est plus attendue que le retour sur scène de Jean-Jacques Goldman.
Car de l’avenir de Joon à l’indispensable renouvellement de la flotte, du développement de Transavia aux relations avec KLM, les interrogations sont presque aussi nombreuses que le catalogue de revendications des Gilets Jaunes. Et la voie choisie par le groupe va conditionner l’avenir tout entier du pavillon aérien français, chaque année un peu plus fragilisé.
Lancées il y a presque un an, les Assises nationales du transport aérien devaient être la solution à tous nos maux tricolores. On allait voir ce qu’on allait voir, assurait le ministère des transports… On attend encore les résultats, promis pour l’automne dernier ! Espérons que le Grand Débat National qui doit s’ouvrir la semaine prochaine ne se termine pas, lui aussi, par une sortie de piste.
XL Airways, Corsair... changements en vue
En attendant, les challengers français naviguent dans le brouillard. Le rapprochement de XL Airways et de Corsair a été envisagé mais n’a pas abouti, comme le confirme Laurent Magnin, le patron d’XL, dans les colonnes de Tour Hebdo. Mais pouvait-on réellement créer un champion tricolore en mariant deux compagnies fragilisées ? On a vu le résultat dans le passé, lorsqu’Air Liberté et AOM se sont acoquinées, pour le pire !
XL Airways confirme ainsi que « 2018 sera clairement une année déficitaire » et annonce une nouvelle stratégie avec le lancement d’une offre low cost, comprenez un tarif sans bagage et sans repas. Le transporteur s’y était jusqu’à présent refusé mais sous les coups de boutoir de Norwegian et consorts, il n’a plus le choix s’il veut éviter le trou d’air.
Chez Corsair aussi, on tâtonne. Attaquée par French Bee sur l’outre-mer, contrainte d’abandonner sa rentable ligne pour Dakar, la compagnie du groupe TUI pourrait finalement être cédée à l’allemand Intro Aviation dans les prochaines semaines. Peut être une question de survie, mais aussi une déchirure pour le commandant Pascal de Izaguirre, dont on connait la passion pour le transport aérien…