Mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Et cette semaine, il fait le pari que le coronavirus s'invitera au Salon mondial du tourisme, dans quelques jours.
Fini poules, vaches et cochons. Dans quelques jours, la « plus grande ferme de France » (comprenez, le Salon de l'agriculture) va laisser place au Salon mondial du tourisme (SMT, du 12 au 15 mars). Pas de fromages et de cochonnailles, mais on y viendra faire son shopping, pour grapiller 5% de rabais, faire le plein d'idées vacances ou remplir son panier… de brochures. Car au SMT, les papivores font leurs emplettes. On les croise, dans les allées, les bras chargés de catalogues. Et parfois, on les retrouve même installés sur un banc, en train d’engloutir un jambon/beurre en feuilletant les pages avec gourmandise… Comme quoi les brochures ne sont pas vaines !
Nos élites politiques risquent d’être moins nombreuses… Si elles se bousculent pour croquer des pommes et caresser des vaches au Salon de l’agriculture, elles se donnent malheureusement rarement la peine d’explorer le SMT pour s’extasier devant les dernières actualités de Fram ou de Carrefour Voyages. La « grande presse » snobe le salon, elle aussi — trop « populaire » sans doute… Pourtant cette année, elle devrait s’y précipiter, tel un requin attiré par l’odeur du sang. Avec l’envie de prendre la température d’un secteur en plein burn out…
Le coronavirus va rebattre les cartes des destinations de l'été
Il y a quelques semaines, un sondage réalisé par le salon affirmait que 70% des franciliens envisageaient de partir à l’étranger cet été avec, dans leur top 5, le Japon, la Thaïlande et l’Italie. Un joli ticket perdant ! Avec la psychose du coronavirus, la carte des possibles se réduit de jour en jour. Alors pourquoi pas de l’inédit, comme l’Algérie ? Le pays affirme vouloir s’ouvrir au tourisme. Rien de nouveau sous le soleil du Sahara à vrai dire, car la promesse est vieille de 20 ans… Mais du discours à la réalité, il y a toujours un fossé. Ne serait-ce que les tracasseries pour obtenir un visa, que j’ai moi-même récemment testées… Pour attirer les visiteurs, il faut oublier les rancoeurs. Le peuple algérien n’attend que cela. Alors vite !
Faute d’aller voir ailleurs par peur, la France pourrait bien être la solution de repli de l’été 2020. Au moins y aura-t-il un hôpital pas loin pour s’isoler, en cas d’attaque du maudit virus ! Pas de quoi rassurer les agences et TO, à une époque où les réservations pour l’été sont censées s’emballer… Et pourquoi pas Paris ? Vidés de leurs milliers de visiteurs chinois, les grands magasins du boulevard Haussmann promettent un shopping apaisé. Et au Louvre, on pourra (peut-être) faire une photo sans touriste se contorsionnant en arrière-plan, pour reproduire la photo déjà vue mille fois sur Instagram — celle qui donne l’illusion de serrer entre ses doigts la pointe de la pyramide !
Encore faut-il que les Français puissent accéder à leur chère capitale. Cette année, le tourisme s’invite dans le débat des élections municipales à coup de propositions chocs, de l’interdiction des autobus au contrôle renforcé des logements Airbnb en passant par la limitation du nombre d’hôtels. Jeudi, l’Association pour un Tourisme et un Hébergement professionnels (AhTop) réunit les principales têtes de liste pour en débattre. Parions qu’Anne Hidalgo, Rachida Dati, Agnès Buzyn et les autres auront aussi à cœur d’explorer — pour une fois — les allées du SMT. Voilà qui devrait faire monter la fièvre du salon…