Au moins vingt personnes, dont quinze policiers et deux adolescents, ont été blessées hier dans un attentat perpétré par une femme kamikaze en plein centre de Tunis.
L’accalmie aura duré trois ans. Hier après-midi, une femme kamikaze a commis un attentat en plein centre de la capitale sur l’avenue Habib Bourguiba. Le ministère de l'Intérieur a immédiatement évoqué une "explosion terroriste".
"C'est une tragédie", a déclaré de son côté le président tunisien Béji Caïd Essebsi. "Nous avons cru que nous avions éradiqué le terrorisme", a-t-il poursuivi mais "le terrorisme est toujours présent au coeur de la capitale".
Depuis 3 ans, le calme était progressivement revenu dans les rues de la ville. La capitale tunisienne n'avait pas été la cible d'un attentat depuis le 24 novembre 2015 lorsqu'une attaque suicide revendiquée par l'État islamique (EI) contre un bus de la garde présidentielle en plein centre-ville avait fait 12 morts. Quelques mois plus tôt, le 18 mars 2015, toujours à Tunis, deux hommes avaient ouvert le feu à l'arme automatique sur des touristes qui descendaient d'autocars pour visiter le musée du Bardo, avant de les pourchasser dans le bâtiment. 21 touristes et un policier tunisien avaient été tués dans cet acte également revendiqué par l'EI, tout comme l'attentat perpétré par un kamikaze en juin de la même année sur une plage et contre un hôtel près de Sousse, qui avait coûté la vie à 38 touristes.
Cette série d'attentats avait gravement nui au tourisme, un secteur vital de l'économie tunisienne. Depuis le printemps 2016, les autorités tunisiennes se sont toutefois félicitées d'un retour au calme qui a permis à l'industrie touristique de connaître une embellie lors des saisons 2017 et 2018.
Ce nouvel épisode de violence peut-il freiner la reprise touristique ? Selon Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, "l’impact des attentats sur le tourisme est essentiellement lié à leur médiatisation. L’attentat de Tunis a été relativement peu médiatisé. Il intervient à une époque où les décisions de vacances à destination de la Tunisie sont naturellement faibles. Je pense qu’il n’y aura pas d’incidence notable sur la reprise très positive du tourisme en Tunisie. Peut-être juste un petit coup de mou d’une ou deux semaines dans les réservations", estime-t-il.
Une fréquentation record
Cette attaque intervient alors que le pays a retrouvé des niveaux de fréquentation d'avant 2015. Plus de six millions de touristes se sont déjà rendus en Tunisie cette année, un chiffre en hausse de 16,9% sur un an.
Sur le marché français, la destination revient également sur le devant de la scène. Selon les chiffres du Seto, sur la période du 1er mai au 31 août 2018, les ventes de forfaits ont enregistré une hausse de 83% avec plus de 90 000 clients. La destination a même signé la meilleure performance du Top 10 en moyen-courrier.
Les agences jouent également le jeu. Les réservations étaient en croissance de 31% en septembre après un début d'année et un été très prometteurs.
Depuis hier, le quai d’Orsay appelle toutefois les voyageurs à "faire preuve d’une vigilance accrue dans les lieux publics les plus fréquentés, à rester à l’écart des rassemblements et à se conformer aux consignes de sécurité des autorités locales".
L'état d'urgence reste également en vigueur sur l'ensemble du territoire depuis l'attentat de novembre 2015 et la présidence tunisienne a annoncé une nouvelle prolongation d'un mois le 5 octobre dernier. Cet état d'urgence octroie des pouvoirs d'exception aux forces de l'ordre.