Le 8ème congrès du réseau a officiellement ouvert ses portes ce matin, à Lyon. Après un printemps tourmenté, le président Laurent Abitbol tente de rassurer adhérents et fournisseurs.
C’est au son de la musique des Pet Shop Boys (!) et après avoir reçu des mains de l’ex-footballeur Franck Leboeuf (co-animateur de la manifestation) un maillot de foot numéroté 12 (le numéro du remplaçant !), que Laurent Abitbol a lancé les débats du congrès Selectour 2017. L’occasion pour le président du réseau de faire le point sur les 18 premiers mois de son mandat, et de tracer la feuille de route des trois années à venir devant 540 congressistes — adhérents et fournisseurs. "La fusion Selectour/Afat Voyages il y a quelques années a permis de massifier les volumes. Nous avons une force que nous sous-estimons. Mais cela ne doit pas nous faire perdre de vue la nécessité d’évoluer car notre réseau a vieilli et il est dispersé, ce qui nous fragilise", a rappelé Jean-Noël Lefeuvre, directeur général. Retour en cinq points sur les principaux faits marquants de la première journée.
Le bilan 2017
Le chiffre d’affaires transport (57% de l’activité des 1 200 points de vente Selectour) a progressé de 5%, quand le tourisme (19% du total) affiche une belle croissance de 6%. "Grâce à cette performance et aux accords signés avec les compagnies aériennes, nous allons distribuer 1,4 M € de surcommissions supplémentaires aux adhérents au printemps", se félicite Laurent Abitbol qui ne manque jamais de rappeler qu’il est là pour faire gagner de l’argent au réseau et à ses adhérents : "Mon travail, c’est de négocier avec les fournisseurs pour que les agences soient florissantes."
Cette reprise se traduit aussi par une amélioration des bilans. 83% des adhérents dégagent des bénéfices selon un récent pointage, quand ils n’étaient que 80% il y a un an. "La valorisation des entreprises adhérentes atteint désormais un demi milliard d’euros", souligne Jean-Noël Lefeuvre, qui rappelle que les capitaux propres de Selectour flirtent avec les 10 M€, et que sa trésorerie atteint 20 M€.
Les "frondeurs"
"On croit, on dit... mais je suis toujours là, sans langue de bois", a rappelé Laurent Abitbol, en réponse à la fronde de certains adhérents qui a déstabilisé le réseau au printemps. "La réussite rend jaloux. Oui, je rachète des entreprises mais je ne fais pas de mélange entre mes agences Selectour, Havas Voyages et Auchan Voyages. Mes points de vente Selectour resteront Selectour, je m’engage devant vous." Et de préciser que son salaire mensuel en tant que président est fixé à 8 000 € brut par mois, auxquels s’ajoutent des défraiements de 340 €/jour lorsqu’il est à Paris.
Laurent Abitbol est aussi revenu sur la présence de Nicolas Sarkozy demain, regrettant que la venue de l’ex-président se soit traduite par le boycott de certains adhérents du nord de la France. "Qu’on soit de droite ou de gauche, c’est une fierté que de recevoir l’ex-Président de la République", assume-t-il. Un joli coup de pub, en tout cas !
La communication
"Il faut donner une image forte à Selectour. Ça coute très cher, on s’en occupe. Nous avons réalisé une bonne année 2017, ce qui nous permet de redistribuer de l’argent aux adhérents tout en faisant de la publicité", précise Laurent Abitbol. Le conseil d’administration votera en janvier le budget 2018 et décidera des opérations à mener, de la radio vraisemblablement et peut-être de la télévision. Parallèlement, Selectour va mettre en place un budget de communication — de l’ordre de 600 à 700 000 € — piloté par les délégués régionaux, qui permettra de réaliser des actions dans les médias locaux.
Le référencement des TO et croisiéristes
Après les compagnies aériennes, leur référencement se fera dès 2019 dans le cadre du GIE mis en place avec Havas Voyages. Les négociations démarreront en 2018. "Je connais le métier de tour-opérateur, je sais jusqu’où il est possible d’aller. Mais une chose est sûre : les agences gagneront plus qu’aujourd’hui", assure Laurent Abitbol, dans le cadre d’un pacte "gagnant/gagnant" qui verra Selectour s’engager sur des objectifs de vente. Et de préciser que s’il n’est pas question d’exiger des fournisseurs une commission sur le prix TTC, il va falloir en finir avec les commissions diminuées pour les promotions. Les TO qui ne suivront pas cette politique ne seront pas déréférencés, mais ils ne seront plus mis en avant.
Le pilotage des ventes
Associé à la nouvelle politique de référencement, c’est un élément indispensable qui crispe certains adhérents qui craignent d’y perdre en liberté, et certains fournisseurs. Pour la première fois, les congressistes ont pu assister à une démonstration de l’outil de pilotage Selectour Plus qui sera déployé dès le printemps dans les agences, d’abord pour les loueurs de voitures et centrales hôtelières, puis les TO en 2019. Il sera accessible sur PC, tablette et mobile.
Cet outil permettra d’une part de centraliser les incentives versés par les fournisseurs, dans le respect de la réglementation fiscale. Chacun des 4 500 vendeurs disposera d’un accès personnel pour consulter les points cumulés (à la durée de vie illimitée), qu’il sera possible de convertir en achats sur une place de marché de plusieurs milliers de références, à des conditions préférentielles. D’autre part, le patron de l’agence pourra consulter les performances de son agence par rapport aux autres points de vente de la région, ainsi que celles de ses vendeurs. Cet outil inquiète toutefois certains fournisseurs qui disposent déjà de leur propre programme d’incentive ou de fidélité, ou qui adhérent au programme Miles Attack.
Thierry Beaurepère (à Lyon)