Les candidats à la reprise de tout ou partie de Thomas Cook France présenteront demain après-midi leurs offres bonifiées au tribunal de commerce de Nanterre. Celui-ci devrait statuer dans la semaine même si les jeux semblent faits.
Le suspense et la longue attente des 777 salariés de Thomas Cook France pourraient se prolonger encore quelques jours. A l’issue de l’audience prévue le 19 novembre, le tribunal de commerce de Nanterre pourrait en effet s’accorder encore une petite semaine pour rendre officiellement sa décision.
La vingtaine de candidats à la reprise de tout ou partie de Thomas Cook France ont eu 10 jours supplémentaires pour améliorer leurs offres. Déposées le 14 novembre, elles seront détaillées demain par les principaux intéressés convoqués à 14h30 par le juge.
140 agences pour le clan des 5
Dans un communiqué publié hier soir, Thomas Cook France annonce que « Un regroupement d’offres permettrait la reprise de 149 agences et 324 salariés auxquels pourrait s’ajouter l’activité groupes comprenant 25 salariés supplémentaires ».
12 dossiers resteraient en lice avec un net avantage à l’offre solidaire et indivisible présentée par Havas Voyages, le groupe Salaün, Voyage le Vacon, Karavel/Promovacances et Navitour/Voyages Sainte-Claire.
« L’offre du consortium initialement constitué de 6 repreneurs (Esprit de Voyages s'est greffée à l'offre commune, ndlr) a été améliorée de façon conjointe et indivisible, et pourrait intégrer l’activité groupes BtoC. D’autres offres indépendantes sérieuses sont positionnées également sur des reprises d’agences, ainsi que sur l’activité marathon », précise le communiqué.
Dans sa première version, cette offre conjointe prévoyait la reprise de 110 agences intégrées Thomas Cook et de 263 salariés pour un investissement global de 1,085 M€. Selon nos informations, elle aurait été bonifiée d’une trentaine de points de vente, principalement à l’initiative de Michel Salaün qui se porterait acquéreur au final d’une soixantaine d’agences (contre 37 initialement).
« C’est dans son intérêt », commente un observateur. « Les circuits Salaün Holidays étaient très bien distribués par le réseau Thomas Cook. Laisser partir des points de vente à la concurrence, y compris à Havas Voyages qui soutient le TO maison Voyamar, pourrait se solder par un gros manque à gagner. Salaün sécurise ainsi son activité future », explique-t-il.
François Piot, président du réseau Prêt à Partir, sera présent aussi demain au tribunal pour soutenir son offre de reprise de 59 points de vente et 105 salariés, sans doute améliorée de 4 ou 5 unités. Il ne devrait cependant pas faire le poids face « au clan des 5 » acquéreurs potentiels de 140 agences sur les 174 dans la corbeille Thomas Cook. Les deux offres recoupent, de plus, des périmètres communs dont la quinzaine d’agences nordistes à l’enseigne Aquatour, une marque dont le groupe Navitour Sainte-Claire s’est par ailleurs porté acquéreur.
La marque Jet tours sans le TO
Côté tour-operating, les perspectives sont moins réjouissantes. L’offre baptisée Newco, portée par Nicolas Delord, président de Thomas Cook France et une partie de son management, et soutenue par le groupe Ettori Corsicatours pour la reprise du TO Jet tours et de 50 agences Thomas Cook et Aquatour (soit 246 salariés pour un investissement de 300 000 €) a au final peu de chance de convaincre le juge. Et elle n'ira finalement même pas jusque là. Dans le communiqué publié hier soir, la direction de Thomas Cook France annonce le retrait de son offre.
« L’offre portée par le management, qui était la seule à proposer une reprise de l’activité tour operating Jet tours, n’a pas réussi à trouver la totalité du financement nécessaire dans les délais impartis de sorte qu’elle a été retirée », précise le communiqué.
Les intéressés espéraient obtenir le renfort d’autres investisseurs. Si de nombreux acteurs du tourisme disent avoir été contactés et avoir « regardé » le dossier, aucun finalement n’aurait donné suite. Avec un certain réalisme puisque la relance de Jet tours se heurte à deux écueils majeurs : la plupart des produits, et en particulier la matière première que constituent les Clubs Jet tours, sont en train de partir les uns après les autres à la concurrence. Encore plus dommageable, la plupart des réseaux, de Selectour à Univairmer, ont officiellement fait savoir qu’ils ne référenceraient pas un Jet tours relancé par Nicolas Delord.
« Le projet du management était pourtant intéressant », note un investisseur potentiel qui a finalement décliné « car incompatible avec l’offre de reprise de Havas et compagnie ». Sans le soutien d’un réseau, l’offre n’est pas viable « malheureusement », estime-t-il.
Selectour en embuscade
La marque Jet tours n’est pas pour autant perdue pour tout le monde. Le GIE Asha, la centrale d’achat détenue à 50/50 par Havas Voyages et Selectour, avait déposé dès le 22 octobre une offre portant sur les noms de domaine et sites web comprenant le terme Jet tours ainsi que sur la marque Jet tours et les droits de propriété intellectuels attachés.
L’offre est toujours d’actualité et pourrait, bien que ne recouvrant aucune reprise d’emploi, avoir les faveurs du juge du fait de son montant intéressant : 450 000€ forcément bienvenus pour rembourser au moins une partie des créanciers de feu Thomas Cook France.
Laurent Abitbol, président de Selectour, s’est déjà expliqué le 6 novembre dernier sur ses intentions. S’il récupérait la marque Jet tours, ce serait, au moins dans un premier temps, pour disposer d’une deuxième enseigne distributeur. Cela lui permettrait d’accueillir de nouveaux adhérents sans faire de l’ombre aux agences Selectour en place. A suivre.