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Faillite de Thomas Cook France : « L’APST va s’en sortir », affirme Emmanuel Toromanof


Publié le : 13.11.2019 I Dernière Mise à jour : 13.11.2019
Emmanuel Toromanof, secrétaire général de l'APST, nous a reçu ce matin dans son bureau parisien. I Crédit photo M.P.

Auteur

  • Céline Perronnet

Tags : économie

Le secrétaire général de l’association a accordé une longue interview à Tour Hebdo ce matin dans laquelle il revient sur la gestion de la défaillance de Thomas Cook  France et détaille les moyens mis en place pour renflouer les caisses de l’APST.

Tour Hebdo : Comment l’APST a-t-elle été mise au courant de la faillite du groupe Thomas Cook ? Est-ce que cela a été une surprise pour vous ?

Emmanuel Toromanof : J’ai été alerté à deux heures du matin dans la nuit du 23 septembre par un sms de Nicolas Delord. La semaine précédente, on savait qu’il restait 100 à 150 millions d’euros à trouver. Ce n’était pas grand chose donc on y croyait.

T.H : Estimez-vous que la surveillance de Thomas Cook a été suffisante de votre part ?

E.T. : Quand on a appris au mois d’avril que les comptes étaient mauvais, nous avons beaucoup discuté avec la direction de Thomas Cook France. Mais ce n’était pas le moment de bouger avant la haute saison. Si l’on avait radié Thomas Cook tout de suite, il y aurait eu au moins 80 millions d’euros d’acomptes clients. De plus, la nomination d’un nouveau patron au groupe nous a rassurés. Et sur la France, Fosun devait s’engager. Fin août, on s’est de nouveau posé la question du financement car l’été n’avait pas été si bon.

T.H : Beaucoup ne comprennent pas pourquoi vous n’aviez pas de contre-garantie. Que leur répondez-vous ?

E.T. : On avait la contre-garantie de la maison mère d’un montant de 42,5 millions sous forme d’un engagement de caution qui couvrait notre risque intermédiaire entre la moyenne et la haute saison. Nous allons faire des actions en justice pour voir s’il y a des choses à récupérer de la maison mère. Mais cela peut-être très long. Si Thomas Cook avait été renfloué, on aurait demandé plus de contre-garanties.

T.H. : Le rapatriement des clients à destination est désormais terminé mais il reste encore des départs à gérer jusqu’au 31 décembre. Quel est le coût global ?

E.T. : Le coût du rapatriement s’est élevé à 5 millions d’euros auquel il faut ajouter 15 millions d’euros supplémentaires pour la prise en charge des clients jusqu’à fin décembre. Il y a encore environ 10 000 clients de TO tiers à prendre en charge d’ici à la fin de l’année. Nous payons les TO tiers un mois après le mois de départ du client.

T.H : A quel montant global évaluez-vous le sinistre de Thomas Cook France ?

E.T. : Il va avoisiner les 45 millions d’euros. En plus des 20 millions d’euros liés aux rapatriements et aux départs jusqu’à la fin de l’année, il faut ajouter 25 millions d’euros liés à la prise en charge des départs jusqu’en 2022 pour lesquels nous nous sommes engagés. Il y a aussi tous les clients qui n’ont pas pu partir et que nous allons rembourser. La procédure devrait prendre environ un an car il y a énormément d’informations à vérifier. On ignore encore le nombre total de dossiers car les clients ont jusqu’au 27 décembre pour nous écrire et déclarer leurs créances.

T.H. : Un mot sur les éventuels repreneurs ? L’un d’entre eux a-t-il vos faveurs ? Pourrait-il être amené à participer financièrement ?

E.T : Je n’ai pas de préférence et ce n’est pas mon rôle de prendre position. S’il est adhérent de l’APST, le futur repreneur devra demander une extension de garantie ou une nouvelle garantie s’il crée une structure. Ce qui est sûr, c’est que l’on ne va pas rembourser les acomptes au repreneur pour qu’il se garde la marge.

T.H : Avez-vous un contrat de réassurance ? A quel niveau se déclenche-t-il ?

E.T : L’assurance Excess couvrait sur 2018-2019 une multitude de défaillances successives dans la même année pour un montant maximum de 3 millions d’euros chacune. Avant celle de Thomas Cook France, nous avions 1 million d’euros brut de sinistres sur l’année. La franchise s’élevant à 6 millions d’euros, nous n’avons donc pas de couverture. Ce n’est pas une assurance pour couvrir les gros risques.  

T.H : L’avenir de l’APST est-il en danger ? Comment s’en remettre ?

E.T : L’APST va s’en sortir. Le conseil d’administration vient de voter plusieurs mesures pour renflouer le fonds de garantie qui est, au 30 septembre dernier, négatif de 19 millions d’euros. Tout d’abord, nous allons lancer un appel à cotisations pour 2020 dès le mois de novembre. Ceux qui ne voudront pas payer recevront des mises en demeure plus rapidement. Les premières relances auront lieu dès janvier prochain. On n’attendra pas des mois que les gens paient. De plus, le conseil a décidé une augmentation de 30% des cotisations globales pour 2020 sachant que la cotisation minimum annuelle a baissé chaque année depuis 2016. Cette augmentation la ramènera donc au même niveau qu’il y a trois ans.

T.H : Vous allez également faire participer le client financièrement. Comment ?

E.T : Nous allons demander, dès l’an prochain, une participation financière au consommateur lors de l’achat d’un forfait ou d’une prestation touristique garantie comme cela se fait déjà en Grande Bretagne, au Canada et en Hollande. Le but c’est de trouver un système qui soit plus juste pour renflouer les caisses et valoriser la garantie financière auprès du client. Il s’agira d’une contribution qui figurera sur la facture du client. Il n’y a pas eu d’objection des pouvoirs publics. On veut quelque chose de simple avec un montant unique, qui sera certainement de 3 euros. On espère récupérer plusieurs millions d’euros par an ce qui nous permettrait de reconstituer le fonds de garantie en 3 ans.

T.H : Comment ont réagi les syndicats à cette annonce ?

E.T : Le Seto et les Entreprises du Voyage sont en phase avec le projet. Le Seto s’est aperçu que si l’on n’avait pas pris en charge les clients des TO tiers, plusieurs voyagistes seraient déjà à terre.
 
T.H : A ce sujet, avez-vous déjà enregistré des sinistres suite à la défaillance de Thomas Cook France ?

E.T : Il y a eu quelques défaillances mais aucune n’est liée à Thomas Cook. Je ne crois pas au tsunami annoncé par certains mais quelques opérateurs déjà fragiles pourraient se retrouver en grandes difficultés. Nous allons par ailleurs créer et mettre en place un comité des risques avec pour mission principale l’étude et la surveillance des gros risques. Il sera indépendant et donnera son avis sans l’aval des élus. Entre 50 et 100 adhérents sont ciblés par le comité, qui sera composé de banquiers, d’assureurs, de chefs d’entreprise qui ne sont pas forcément du secteur.

T.H : D’autres évolutions sont-elles prévues ?

E.T : Même si nous avons encore 16 millions d’euros de trésorerie en banque, nous allons souscrire un prêt à moyen terme complémentaire pour couvrir d’éventuelles défaillances. L’Etat pourrait le garantir. Cela peut nous aider en complément de notre immeuble parisien avenue Carnot estimé à 25 millions d’euros.  Si d’autres défaillances arrivent, on pourra gérer !

 

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