Deux mots d’ordre pour cette nouvelle édition : la croissance du trafic et la protection de l’environnement.
Penser l’avenir de l’aérien sans croissance, ce n’est pas pour demain. Penser l’avenir de l’aérien sans protection de l’environnement, c’est pour aujourd’hui. De l’avis des dirigeants de compagnies aériennes, on peut à la fois profiter de la croissance du trafic aérien des dix prochaines années et gérer cette croissance en protégeant l’environnement. L’un ne va plus sans l’autre. Et c’est eux qui le disent.
« Peut-on atteindre 8 milliards de passagers aériens en 2030 ? » telle était la question posée aux 520 participants du 11e Forum APG qui a eu lieu à Monaco du 1er au 3 novembre 2019. Comme on pouvait s’en douter, la réponse est globalement « oui ». De la part des représentants de 80 compagnies aériennes internationales, le contraire eut été étonnant. Cette perspective de croissance n’est du reste que le prolongement régulier des dix dernières années, marquées par une forte croissance du marché international.
De l’avis des dirigeants des compagnies aériennes, des constructeurs aéronautiques et des experts, la croissance viendra clairement du marché chinois et des marchés « émergeants », au détriment de l’Europe des Etats-Unis dont les croissances sont déjà moins soutenues.
L'Afrique à fond
écouter par exemple Tewolde Gebremariam, le PDG de Ethiopian Airlines, auteur d’un exposé instructif consacré à la croissance économique en Afrique, le doute n’est pas de mise. Depuis dix ans, l’Afrique connaît une croissance économique soutenue et les perspectives pour les dix prochaines années sont de + 6 % par an. L’Afrique compte 1,3 milliard d’habitants et son territoire est l’équivalent de l’Europe, la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, le Mexique et le Japon ! Rien de moins… Là encore, les constructeurs chinois sont en pointe, lorgnant depuis de nombreuses années sur ce marché dynamique et prometteur.
Même plus honte
A l’heure du « flygskam » (honte de prendre l’avion), la question de la croissance « forte et éternelle » du trafic aérien avait quelque chose de provocateur. Signe des temps, tous les intervenants présents ont clairement affiché leur détermination environnementale, sans langue de bois ni discours convenu reportant aux calendes grecques la mise en œuvre d’une réelle politique.
Les participants ont même découvert avec surprise (voir stupeur), lors de l’exposé de Pieter Bootsma, Executive Vice Président commercial & revenue d’Air France KLM, le clip promotionnel de KLM vantant les mérites de « prendre le train » pour des trajets courts et interrogeant leurs futurs passagers sur la réelle nécessité de « se voir en vrai » lorsqu’une visioconférence peut suffire. Une vidéo signée KLM et non Air France KLM : sans marché domestique, c’est quand même plus simple de vanter les mérites écologiques du train.
Le monde de l’aérien ne veut plus avoir honte et prend donc résolument les choses au sérieux. Il en va de sa crédibilité auprès des nouvelles générations. Sans politique volontariste et concrète, les compagnies ne pourront plus attirer les talents de demain. Comme l’ont montré les initiatives récentes de plusieurs compagnies, dont Air France, elles agissent donc sur plusieurs axes : le renouvellement de leur flotte, l’usage de carburants moins polluants, des procédures de roulage plus économes et la compensation. La construction d’avion électrique est en cours : certains l’imaginent pour dans longtemps, d’autres sont plus optimistes. La vidéo promotionnelle du futur KLM Flying-V, peu gourmand en énergie, est venue illustrer le propos.
APG Forum, the place to be
Au fil des ans, l'APG World Connect s’impose comme le grand rendez-vous annuel de l’aérien. Un tour de force réalisé par une « petite » entreprise française, mais grande à l’international : APG. Premier réseau mondial de représentant de compagnies aériennes, APG propose ses services à plus de 200 compagnies étrangères. Présente dans 176 pays, l’entreprise avait réuni 116 de ses 120 membres venus écouter les 14 speakers et échanger avec les 70 sponsors de l’événement durant trois jours.
Toutes les interventions se faisaient en anglais dans le cadre du Sporting Monaco qui jouxtait l’hôtel privatisé pour les participants : le Monte Carlo Bay Resort. Une belle réussite française à l’international… en (presque) France !