La défaillance de Thomas Cook France a plombé les comptes de l’association de façon inédite et spectaculaire. A tel point que l’APST n’a plus que quelques mois de trésorerie.
La faillite de Thomas Cook France, il y a tout juste un an, a tout changé. Alors que l’APST enchaînait depuis plusieurs années des résultats financiers flatteurs et en croissance continue, le sinistre a fait l’effet d’un tsunami dans les comptes de l’association. « C’est un sinistre de plus de 41 millions d’euros et il reste encore 8 756 dossiers à contrôler », a souligné Alix Philipon, présidente de l’association, qui a donné ce matin, dans le cadre de l'assemblée générale de l'APST, quelques détails sur la gestion de cette crise inédite.
« Dès le mois d’octobre, nous avons su qu’il nous manquerait 10 à 15 millions d’euros. La situation de l’APST, à date, est très préoccupante », a-t-elle confié. Au 31 décembre 2019, l’association était déjà dans le rouge vif avec une perte de 34,7 millions d’euros (contre un bénéfice de 6,1 millions d’euros en 2018 et de 5,5 millions d’euros en 2017).
« Thomas Cook France représente 95% de la charge nette en 2019 », précise Emmanuel Toromanoff, secrétaire général. L’association a enregistré 30 défaillances au total l’an dernier (contre 24 en 2018 et 28 en 2017) pour un coût total « sans précédent » de 42,8 millions d’euros (contre 886 000 euros en 2018).
Près de 10 millions d’euros à sortir dans les prochains mois
Au global, 54 000 clients ont été impactés par la défaillance de Thomas Cook France et 41 510 ont été traités en service. Et il reste encore près de 9 000 dossiers à traiter. « Seuls 28% des dossiers sont complets et 2 209 ont été rejetés », indique Emmanuel Toromanoff.
L’APST commencera les remboursements des clients lésés par la faillite de Thomas Cook France après le dépôt de l’état des créances par le mandataire judiciaire, ce qui représente un montant de l'ordre de 8 à 10 millions d’euros. « Le reste se fera petit à petit dans le temps », ajoute le secrétaire général.
Pour réussir à passer ce cap très difficile, l’APST a déjà mis en place plusieurs mesures demandées par les pouvoirs publics, dont une hausse des cotisations de plus de 30%, la création d’un comité des risques, et la vente de l’immeuble avenue Carnot (17e arrondissement) négociée à 22 millions d’euros. « La signature de l’acte authentique se fera d’ici à la fin de l’année 2020 », précise Alix Philipon.
Un risque lié au covid de plusieurs dizaines de millions d’euros
De son côté, l’APST demande une garantie de l’Etat de 150 millions d’euros et la création d’un fonds de réserve et de solidarité qui permettrait de dégager chaque année entre 20 et 30 millions d’euros. En parallèle, l’association poursuit les discussions entamées il y a plusieurs mois avec la MAIF afin d’établir un partenariat qui lui permettrait de ne plus porter le risque assurantiel mais de poursuivre ses missions (instruction, présentation des dossiers, etc.). Pour ce faire, l’association créerait une société de courtage afin de pouvoir commercialiser un contrat de garantie.
« Rien n’est encore signé mais il faut que ça aille vite pour que l’APST soit en ordre de marche afin d’absorber les défaillances à venir », précise Alix Philipon. A la demande des pouvoirs publics, l’association a réalisé un audit sur l’impact du covid-19 sur ses adhérents. Il fait ressortir un risque compris entre 44 et 135 millions d’euros.