Entre la montée du mouvement "Flygskam" et la généralisation de l'écotaxe en Europe, l'aviation est pris entre deux feux. Face à la pression, le secteur a décidé de lancer une campagne qui répondra aux critiques en matière d'émissions de CO2. Les arguments sont prêts !
Né en Suède, la honte de prendre l'avion, ou Flygskam en suédois, a pris une ampleur indéniable depuis son apparition l'an dernier. Le mouvement, incarné par la médiatique militante écologiste Greta Thunberg, entend réduire le poids du transport aérien, accusé d'être l'un des moyens de transport les plus polluants au monde. En Suède, le mouvement serait déjà responsable d'une baisse de 4,5% du trafic aérien sur le premier trimestre, alors que le train est en croissance. Et l'impact commence à se faire sentir dans d'autres pays, à l'image de la Belgique. Suivant les opinions publiques, plusieurs gouvernements européens ont d'ores et déjà adopté des taxes dites écologiques sur les billets d'avion. C'est le cas en Suède, en Norvège, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie et en France, à compter de janvier prochain. Un projet d'une taxe écologique européenne avance également petit à petit.
Cernés de toute part, l'industrie du transport aérien a décidé de réagir. Alexandre de Juniac, le président de IATA, l'Association internationale du transport aérien, a annoncé qu'une campagne de communication de grande ampleur va être lancée pour contrer le Flygskam. L'association, qui compte 300 compagnies aériennes à travers le monde, entend montrer au public toutes les actions entreprises par les compagnies aériennes pour réduire leur impact sur l'environnement, alors que l'aérien représente aujourd'hui 2% des émissions de carbone, selon l'Organisation de l'aviation civile internationale.
Winglets, biocarburant... Les initiatives du transport aérien
La campagne sera élaborée dans le cadre du Air Transport Action Group, une coalition qui rassemble 50 membres, dont IATA mais aussi l'Airports Council International, les constructeurs Airbus, Boeing, Bombardier, Embraer ou encore les motoristes Pratt & Whitney et Rolls-Royce. L'Air Transport Action Group avance ses arguments : "Le transport aérien est responsable de 12% des émissions de CO2 générées par les moyens de transports, contre 74% pour le transport routier", martèle l'organisation, qui rappelle que "80% des émissions de CO2 dans l'aviation proviennent de vols couvrant plus de 1500 km et pour lesquels il n'y a aucune alternative pratique en terme de transports".
Au-delà du bilan, le secteur veut surtout montrer ses efforts. "D'ici 2050, les émissions de carbone de l'aviation seront moitié moins élevées qu'en 2005", insiste ainsi l'organisation. L'arrivée d'appareils de nouvelle génération permet en effet d'importantes économies de carburant grâce à des fuselages en fibre de carbone plus légers, une meilleure aérodynamique et les progrès des moteurs. L'optimisation des ailes, avec l'apparition des winglets, aurait quant à elle permis d'économiser 80 millions de tonnes de CO2 depuis 2000, affirme l'Air Transport Action Group. Le développement des biocarburants constituent une autre piste importante pour le secteur. Et les exemples concrets se multiplient : Egyptair vient ainsi d'effectuer un vol utilisant du biocarburant pour la livraison de son dernier B787. Aucun détail n'a encore filtré sur les modalités de la nouvelle campagne, ni les dates ni le budget. Mais, face à l'opinion publique et aux politiques, l'aviation va devoir faire vite !