Les autorités mondiales de l'aviation civile se sont réunies hier au Texas. Au terme de 8 heures de débats, aucune date de reprise des vols n'est en vue…
Pas de fumée blanche hier à Fort Worth, au Texas. Après 8 heures de discussions à huis clos, l'agence fédérale américaine de l'aviation (FAA) et 33 autorités mondiales de l'aviation civile ne sont pas parvenues à envisager une date de reprise des vols du B737 MAX. Le nouveau modèle de Boeing est immobilisé partout dans le monde à la suite des crashs d'un appareil de Lion Air en octobre dernier, en Indonésie, et d'un appareil similaire d'Ethiopian Airlines le 10 mars, en Éthiopie, faisant 346 morts au total. Dans les deux cas, les premières conclusions des experts mettent en cause un dysfonctionnement du dispositif anti-décrochage MCAS.
Boeing avait annoncé la semaine dernière avoir achevé la mise au point d'un correctif logiciel mais la réunion des autorités mondiales de l'aviation civile montre que la reprise des vols sera bien plus lente qu'attendue. Le chef intérimaire de la FAA, Dan Elwell, a ainsi déclaré que "le seul calendrier est de s'assurer que l'avion est sûr avant de voler". L'agence américaine est sous pression, alors que des soupçons pèsent sur un manque de rigueur et un excès de prérogative accordée à Boeing lors des processus de certification. Le patron de la FAA par intérim a d'ailleurs précisé que des questions complémentaires avaient été adressées à l'avionneur américain et que le correctif n'avait toujours pas été présenté.
Pas de retour du B737 MAX avant fin août... au mieux
Résultat : la reprise des vols des B737-MAX ne devrait pas intervenir avant la fin août aux États-Unis, dans le meilleur des cas. Plus contrariant encore pour les compagnies, la levée de l'interdiction se fera pays par pays, chaque autorité nationale devant accepter les modifications apportées par Boeing. Le processus pourrait prendre plusieurs mois, selon les exigences de chaque autorité. L'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), le Canada, la Chine et le Brésil ont ainsi annoncé que le correctif proposé par Boeing sera évalué indépendamment des conclusions de la FAA, avec une procédure interne propre. " Il ne suffira pas d'accepter la parole de la FAA", cingle l'AESA. Le Canada souhaite également que les pilotes soient formés à la mise à jour du système MCAS avec plusieurs séances en simulateur de vol, alors que les États-Unis veulent se contenter d'une simple formation sur ordinateur ou iPad. Une multiplication et un allongement des procédures qui ne vont pas faire les affaires des compagnies, qui devront attendre le feu vert de chacune des autorités.
Une fois le B737 MAX autorisé à voler, un autre défi attend les compagnies aériennes, convaincre équipages et passagers de remonter à bord d'un avion sous le feu des critiques depuis des mois. Or les pilotes européens montent déjà au créneau ! Au moment où les autorités mondiales de l'aviation civile se rencontraient, la European Cockpit Association (ECA), qui rassemble 38 000 pilotes européens, s'est alarmé de la certification du correctif : "Il est profondément troublant que la FAA et Boeing envisagent une remise en service, sans toutefois aborder les nombreuses questions difficiles soulevées par la philosophie de conception de l'appareil", s'inquiète l'association. La low-cost américaine Southwest a de son côté annoncé hier qu'elle allait permettre aux passagers qui ne souhaitent pas voler sur le 737 MAX de changer gratuitement de vol. Une initiative louable mais qui risque de jeter encore plus le trouble sur la fiabilité de l'avion : si le B737 MAX est sûr, pourquoi offrir la possibilité de changer d'appareil ? L'avenir du B737 MAX n'a jamais été aussi incertain !