BVA présentait ce matin les résultats d'une enquête sur l’impact du réchauffement climatique sur les habitudes de voyage en avion, menée pour les Entreprises du Voyage. L’occasion pour le syndicat de parler de son projet de fonds pour l’environnement.
C’est la tendance venue de Suède qui effraie les compagnies aériennes depuis quelques semaines, la honte de prendre l’avion. Honte de polluer à grande échelle puisque le transport aérien mondial représente 3% des émissions de CO2. Dans ce contexte, Les Entreprises du Voyage et BVA ont demandé aux Français prenant l’avion si le réchauffement climatique changeait leurs habitudes de transport.
Plus de 2 000 personnes représentatives de la population ont ainsi été interrogées par l'institut de sondage. Et parmi elles, huit sur dix se déclarent préoccupées par le réchauffement climatique et près d’un tiers d'entre elles, très préoccupées. Pourtant, seuls 37% des passagers agissent pour limiter leur impact environnemental, en choisissant des destinations moins lointaines (49%) par exemple.
« Pour rappel, les deux tiers des Français ne prennent pas l’avion. Et sur le tiers qui utilise ce moyen de transport, 37% disent modifier leurs habitudes pour amoindrir l’impact environnemental de leurs vacances », explique Christelle Craplet, directrice de clientèle de BVA. « Nos clients sont plus sensibilisés qu’on ne le pensait », complète Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. « Ce sont surtout aux compagnies aériennes de prendre leur part. »
Un fonds financé par les compagnies pour compenser leurs émissions
Le syndicat professionnel a ainsi annoncé ce matin son intention de porter, au niveau français puis européen, un projet de fonds dédié à la compensation des émissions de carbone causées par les compagnies aériennes et abondé par ces dernières. « Il ne s’agirait pas d’une énième taxe, mais d’un fonds entièrement dédié à l’environnement (et non pas aux caisses de l’État) financé en fonction des avions exploités et des distances parcourues, par chaque compagnie atterrissant en France », détaille Jean-Pierre Mas.
Tour-opérateurs, distributeurs... L'ensemble des membres des EDV, du Seto et de l'APST ont été consultés et ont approuvé la démarche. Si la direction d'Air France ne s'est pas montrée « enthousiaste » à l'idée de ce projet, Marc Rochet (le patron d'Air Caraïbes) est en phase avec la proposition des Entreprises du Voyage, assure Jean-Pierre Mas.
Quid du plan Corsia*, un plan de compensation des émissions de carbone qui sera mis en place par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) en 2020 ? « C’est un premier pas mais cela fait vraiment petits bras ! C’est un plan volontaire jusqu’en 2026, on ne peut pas attendre jusque là ! », affirme le président des Entreprises du Voyage. En espérant que le fonds voulu par le syndicat voit donc le jour d’ici là. A noter que les députés ont voté dans la nuit de lundi à mardi en commission pour une contribution du transport aérien au financement des autres modes de transport, sans aller jusqu'à une taxation du kérosène...
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* Le plan Corsia repose sur un principe d’achat de crédits de compensation des émissions de CO2 supérieures au niveau des émissions de l’année 2020. Autrement dit, si une compagnie atteint son quota de pollution de 2020, elle pourra acheter des droits à polluer à une autre. L'objectif est d'atteindre une croissance carbone neutre. La mise en place du système se fera en deux phases : entre 2021 et 2026, les compagnies membres de l’OACI qui se portent volontaires peuvent expérimenter le mécanisme ; à partir de 2027, il s’appliquera à tous (à l’exception des pays les moins développés).