Contrôles à l'arrivée, tests, masques... Autorités et professionnels de l'aérien réfléchissent dès à présent pour une reprise du trafic sécurisée une fois la crise sanitaire terminée.
La précaution sera de rigueur. Dans un communiqué publié il y a quelques jours, la Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat appelle à prendre plusieurs mesures pour limiter au maximum les risques de propagation du Covid-19 dans les aéroports et à bord des appareils.
Ainsi, la Commission s'attarde principalement sur l’option d’un contrôle à l’arrivée des passagers. Une arrivée des voyageurs qui pourrait être contrôlée en trois temps : d'abord avec la mise en place de caméras thermiques, ensuite avec le test systématique des personnes suspectes et enfin avec l'isolement des personnes testées positives à proximité des aéroports.
Mais les interrogations restent encore nombreuses sur la mise en place d'un tel dispositif. « Du personnel qualifié, habilité à faire des tests, sera-t-il mis à disposition des aéroports ? Les aéroports pourront-ils se doter des outils nécessaires, et notamment des caméras thermiques ? », s'interrogent les sénateurs, qui appellent notamment les autorités à engager une réflexion « pour garantir un financement équitable de ces mesures ».
Masque, dépistage, désinfection...
Les compagnies aériennes, directement touchées par la crise, réfléchissent elles aussi aux précautions à prendre avant un retour à la normale du trafic. Mise à disposition de gels nettoyants pour les mains dans l'aéroport, contrôle de la température avant de monter à bord, port du masque par les passagers et les équipages à bord et dans l'aéroport, tests de dépistage du coronavirus, désinfection des cabines avec un produit virucide : les solutions envisagées ou mises en places sont déjà nombreuses.
C'est le cas notamment avec Air France qui, depuis le 19 avril, distribue des masques aux passagers qui n'en ont pas sur ses vols où les taux de remplissage sont trop élevés pour distancier les voyageurs. La compagnie Emirates a quant à elle indiqué avoir réalisé il y a deux semaines les premières expériences de tests sanguins rapides, tandis que Lufthansa exige depuis le 4 mai et jusqu'au 31 août le port d'un masque par les passagers et pour les agents de bord en contact avec les clients.
« Tout l'enjeu, c'est d'arriver à trouver les protocoles qui permettent d'assurer un bon niveau de prévention, un niveau de sécurité qui soit satisfaisant, tout en permettant une exploitation qui soit économiquement viable », estime Bertrand Mouly-Aigrot, expert en transport aérien au cabinet Archery Strategy Consulting, interrogé par l'AFP.
Pour aller encore plus loin dans les innovations et la sécurité, le groupe Aéroports de Paris (ADP) et l'agence Choose Paris Region ont justement lancé un appel à projet afin de trouver des solutions pour permettre une reprise progressive du trafic aérien tout en redonnant confiance aux passagers. Des initiatives suffisantes ? Le défi s'annonce pour le moins difficile, alors que seuls 14% des consommateurs remonteraient dans un avion aussitôt les restrictions levées et 40% attendraient six mois ou plus, selon un sondage récent de l'Iata.