Ce n'est pas un poisson d'avril : depuis le 1er avril, la Suède a mis en place une taxe écologique sur le transport aérien. Une initiative qui passe mal auprès des compagnies.
Depuis le 1er avril, le gouvernement suédois impose une nouvelle taxe dite "écologique" sur le transport aérien. Cette taxe s'applique à tous les passagers au départ d'un aéroport suédois, à l'exception des enfants de moins de 2 ans, des passagers faisant escale sans changer d'avion et, sous certaines conditions, des passagers en transit.
Son montant dépend de la distance : la taxe s'élève à 5,80 € pour les vols à l'intérieur de l'Espace économique européen, à 24,30 € pour les vols en dehors de l'Espace économique européen mais en dessous de 6 000 km et à 38,80 € pour les vols au delà de 6 000 km.
"L'objectif de la taxe est de minimiser l'empreinte climat de l'avion à la suite d'une forte hausse du nombre de voyages en avion", justifie Isabelle Lövin, ministre de l'environnement et porte-parole des Verts, dans les colonnes du quotidien suédois Dagens Nyheter.
En pratique, les compagnies aériennes s'y sont d'ores et déjà pliées. Air France confirme avoir répercuté le montant de la taxe sur le prix de ses billets au départ de la Suède. Même chose pour SAS.
Un effet sur l'environnement limité
Mais la compagnie aérienne scandinave se montre très dubitative vis-à-vis de l'initiative du gouvernement suédois. Lars Andersen Resare, responsable de l'environnement au sein de SAS Group, doute du fondement écologique de la taxe.
"L'argent collecté sera versé et utilisé dans le système général des impôts suédois et il n'y a pas d'allocation spécifique pour l'environnement", fait-il remarquer. "Avant que la taxe ne soit mise en place, le rapport qui a servi de base à cette décision montrait que l'effet sur l'environnement serait limité", poursuit-il.
Surtout, le responsable de l'environnement chez SAS pointe le mécanisme : "la taxe se présente sous la forme d'un taux fixe qui dépend de la distance parcourue et non de l'importance des émissions du passager. Cela signifie qu'il n'y a pas d'incitation à réduire les émissions".
La compagnie Norwegian, tout aussi remontée, va même plus loin : la low-cost a supprimé une ligne en signe de protestation et menace de réduire plusieurs fréquences au départ de Stockholm.
Reste à savoir si cette taxe pourrait donner des idées à d'autres gouvernements en Europe ? L'initiative suédoise est une décision nationale et, en réalité, elle ne fait que taxer les émissions encadrées par l'Union européenne dans son dispositif EU-ETS (Emissions Trading System).
"La taxe suédoise vient en plus de l'EU-ETS et couvre exactement les mêmes émissions sur les vols à l'intérieur de l'Espace économique européen", déplore Lars Andersen Resare. L'opposition centriste au gouvernement suédois se montre tout aussi critique et plaide plutôt pour l'instauration d'une obligation en matière d'utilisation de biocarburants.
Le Danemark, de son côté, avait instauré une telle taxe à la fin des années 1990 avant de l'abandonner en 2007. Le gouvernement conservateur avait alors jugé que la taxe avait un impact négatif sur l'économie danoise. Et, de fait, un analyste de la banque danoise Sydbank cité par le magazine danois The Local affirme que le Danemark pourrait en profiter, certains passagers risquant de préférer partir du Danemark plutôt que de Suède. Le débat est lancé, en attendant les passagers paient…