Si l’ensemble des acteurs du transport prennent conscience des nécessaires adaptations et commencent à opérer de vrais changements, le temps pour atteindre les objectifs de diminutions d’empreinte carbone voire de les supprimer est encore loin…
Entretien avec Gérard Feldzer, président d’aviation sans Frontières.
« Pour l’aviation et l’environnement, il y a bien des progrès… mais pas de rupture technologique. La dernière remonte au Concorde et je le rappelle, Airbus n’aurait jamais existé sans le Concorde elle » clame Gérard Feldzer président d’aviation sans Frontières. « Le transport aérien, comme tous les produits dans notre environnement, bénéficie de répercussion positive dans la recherche et développement, la création d’emplois ou le rapprochement des cultures. Le corollaire, c’est bien sûr le bruit et la pollution. Mais la prise de conscience sur le réchauffement climatique se généralise à tous les niveaux avec pour conséquence des mouvements types « flygskam* ».
Pour autant, selon le président d’aviation sans Frontières : « il y a quand même des progrès notables » et de mettre en avant :
L’aérodynamique
Les ailes d’avion à géométrie variable, ailles soufflées par des dizaines de moteurs-hélices dans les bords d’attaques (onera).
Les moteurs
Hybridation électrique /thermique, un nouvel avion de 50 places à base de cette technologie semble réaliste dès 2030.
Energie
Des biocarburants à base de déchets agricoles. Le Sustainable Aviation Fuel (un mélange de H2 (vert) et de captation de CO2). Il permet de prolonger la vie des moteurs actuels, mais le crackage de l’eau demande énormément d’énergie, à moins que l’hydrogène blanc, mines de H2 repérées dans l’Est de la France s’avère positif.
Procédure et circulation aérienne
Roulage avec le green taxi de safran systématisé dès maintenant (pour le moyen-courrier). On peut dès aujourd’hui augmenter les pentes lors de la phase d’approche et de descente vers l’aéroport, cela peut réduire le bruit de 30 à 50%.
Rupture sociale ?
Gérard Fledzer ajoute : « Dans les années 60 et les premiers charters, nous étions dans un état d’esprit ‘’no limit’’, ‘’Peace and love’’, ‘’je ne veux pas bronzer idiot’’, ‘’je veux croiser d’autres cultures dans ce village terre’’… Aujourd’hui l’état d’esprit a changé, on se pose la question, de savoir ce qu’apporte un WE à Barcelone ou à Berlin à 20€ 90 ? De toute évidence c’est un achat d’opportunité. »
Le transport aérien, assurément, n’est pas un produit de consommation comme les autres. La mise en perspective les nuisances atmosphériques et sonores par rapport au nombre d’utilisateurs, soit 11% de la population globale, ne plaide pas en faveur du mode de l’aérien. Si on y ajoute que 1% de la population mondiale est responsable de 50% des émissions de CO2, (transport aérien compris), cela ouvre la porte aux contestataires. Gérard Fledzer Parmi milite pour trouver des solutions : à commencer par interdire l’urbanisation les zones à proximité des aéroports. »
Selon l’IATA l'Association internationale du transport aérien, le nombre de passagers aériens dans le monde retrouvera dès 2024 son niveau, voire plus, de 2019, avant la pandémie c'est-à-dire 4,5 milliards de passagers.
« Dans 20 ans ce sera plus de 7 milliards de passagers, avec un décollage de 2 avions toutes les secondes. On voit donc l’urgence qu’il y a à trouver des solutions, car tous les progrès réalisés ayant permis de diviser depuis 30 ans par 2 le bruit et les émissions sont compromis par cette croissance », conclut Gérard Feldzer
* flygskam : la honte de prendre l’avion